« Au XVIIIe siècle, les pirates et les corsaires créèrent un « réseau d’information » à l’échelle du globe: bien que primitif et conçu essentiellement pour le commerce, ce réseau fonctionna toutefois admirablement. Il était constellé d’îles et de caches lointaines où les bateaux pouvaient s’approvisionner en eau et nourriture et échanger leur butin contre des produits de luxe ou de première nécessité. Certaines de ces îles abritaient des « communautés intentionnelles », des micro-sociétés vivant délibérément hors-la-loi et bien déterminées à le rester, ne fût-ce que pour une vie brève, mais joyeuse. »
Hakim Bey – « Zone Autonome Temporaire » (1991) – Traduction
La Temporary Autonomous Zone (TAZ), ou Zone Autonome Temporaire selon Hakim Bey, est un concept qui défie toute définition. De l’utopie pirate du XVIIIe siècle au réseau planétaire contemporain, la TAZ émerge et disparaît, échappant ainsi aux contrôles de l’État. Elle s’installe temporairement dans l’espace, le temps ou l’imaginaire, pour se dissoudre dès qu’elle est repérée. La TAZ fuit les zones autonomes affichées et retourne à l’invisible. C’est une forme d’insurrection hors du temps et de l’histoire, une tactique de la disparition.
C’est de ce concept qu’ont émergé les « Free Party », « Rave » ou « Teuf ». Un endroit où l’espace d’un soir, aucune règle n’est fixée : la liberté pure et dure. L’ouverture d’esprit est de rigueur et les gens, quels qu’ils soient et d’où qu’ils viennent, se retrouvent pour une chose : la musique électro (que certains appelleront « Bruit« ) l’ambiance et l’échange.
Pour ceux qui au nom de « Free » ou « Rave » pensent immédiatement à une bande d’ahuris qui retournent à l’état sauvage le temps d’une nuit, qu’ils ne jugent pas trop vite ! Qu’ils aillent voir par eux-mêmes et alors, ils se rendront compte. Ils approcheront une culture, des arts, une philosophie à laquelle ils ne conviendront pas forcément, mais qui leur aura au moins permis d’ouvrir les yeux. De comprendre que lorsqu’un gouvernement, ou autres envoie l’armée, la police, pour dissoudre ces mouvements, ils luttent contre la liberté.
La TAZ de Hakim Bey offre un espace de liberté et d’expérimentation, un endroit où les règles habituelles sont mises de côté. C’est une invitation à repenser les normes établies et à explorer de nouveaux horizons. La TAZ est une réponse à l’oppression, une affirmation de la possibilité d’une existence différente.
Vous pouvez explorer davantage la philosophie de la TAZ dans l’ouvrage : Hakim Bey, « T.A.Z. The Temporary Autonomous Zone. Ontological Anarchy, Poetic Terrorism » (traduit en français et gratuit) , paru en 1991. Cet ouvrage iconique a marqué le mouvement underground techno et continue d’inspirer les esprits en quête de liberté.