Le « cri du coeur » d’un préfet qui en dit long…

Il est de certains postes ou titres qui demandent de la retenue, voir même de savoir mettre de côté ses propres opinions pour assurer pleinement ses fonctions ; c’est notamment le cas du Préfet, délégué du gouvernement au niveau départemental, « représent(ant) directe du Premier ministre et chacun des ministres ».


Mais il arrive aussi que ces qualités pourtant indispensables fassent grandement défaut aux intéressés et les propos de Jean-Marc Sabathé, Préfet de l’Aude, rapportés ce mercredi par La Dépêche en sont un parfait exemple.


Que s’est-il passé ?

L’histoire a déjà largement commencé à faire le tour des réseaux sociaux, de la blogosphère et plus largement du web, mais un petit retour sur les faits peut être intéressant, notamment quant à une hypothétique réaction des autorités politiques.

Mercredi 27 juillet, M. Sabathé, annonce son plan anti-rave.


A cette occasion et en toute logique, La Dépêche reprend les principaux axes de ce plan et les propos du représentant du gouvernement ; c’est alors que le journaliste a dû tout simple jubilé (on peut aisément l’imaginer !), voyant déjà son titre (ou intertitre) : en effet, plus question pour la préfecture de mobiliser des moyens pour «Des cons et des irresponsables !»


Si les « Casse-toi, pauv’ con ! » et autres exemples du même acabit font de toute évidence aujourd’hui partie intégrante du vocable politique, c’est bien la première fois que toute une catégorie d’administrés est la cible d’une telle insulte, qui plus est, d’un jugement sans appel sur son intellect. En bref, une analyse ne volant pas bien haut.


Un préfet qui s’oublia… et oublia sa mission

Si les règles mêmes du savoir-vivre (qu’il est souvent reprochez à tant de teufeurs de ne pas connaitre…) aurait dû conduire M. le Préfet à pondérer ses propos, autre chose de bien plus fondamental aurait dû avoir le même effet : la mesure de son poste ! M. le Préfet, en sa qualité de représentant/délégué direct du Gouvernement au niveau local, ne doit pas faire obstacle à l’action de ce dernier.


Et pourtant, alors que depuis le mois d’avril dernier et encore lors de la réunion interministérielle du 12 juillet, les autorités politiques se montrent favorables à un changement politique et législatif vis-à-vis des free parties, la préfecture de l’Aude semble préférer quant à elle la voie de l’affrontement, en faisant barrage (tant par le langage utilisé que par les mesures du plan « anti-rave ») à toute possibilité d’évolution.


Une communication de crise un peu particulière

Communication de crise ? Quelle crise ! Il aurait été possible de se dire que de tels propos de la part d’un organe déconcentré de L’État aurait tout du moins entrainé (si ce n’est des excuses qui seraient pourtant la moindre des choses) une réaction de la part de la préfecture de l’Aude. Que nenni !


Ce n’est pas tout à fait vrai, il convient de l’admettre. En effet, nombreux sont les cons à avoir réagi auprès de la préfecture sur les réseaux sociaux. Il est par exemple possible de souligner le commentaire de Basse Expression soulignant sa réprobation quant à l’insulte proférée par le Préfet. Une réaction de la préfecture ? Aucune ! Si ce n’est que ce commentaire a disparu à deux reprises du fil dans la journée d’hier… Coïncidence ou réaction de la préfecture ?


En l’absence de réaction au niveau préfectoral, il serait plus que nécessaire d’entendre la condamnation de ces propos par l’autorité centrale, (qui rappelons-le est représentée directement par M. Jean-Marc Sabathé) et qui pourtant œuvre actuellement à l’évolution de l’encadrement législatif des raves avec différents acteurs du mouvement.


Samuel Raymond, chargé de mission pour l’association Freeform a adressé une lettre ouverte au préfet en réponse aux propos de ce dernier. (Cf. Fin d’article).


M. le Préfet, « on est toujours le con de quelqu’un » !

Comme il est possible de le lire et l’entendre dans les paroles de P. Perret, Tryo, G. Brassens, et tant d’autres, il conviendrait de vous rappeler M. le Préfet que « l’on est toujours le con de quelqu’un », que l’on soit « petits cons de la dernière averse (ou) vieux cons des neiges d’antan ».


Il serait aussi intéressant de vous rappeler la mesure de vos fonctions, demandant retenue, respect et écoute de tous vos administrés, de distinction au vu de votre mission de représentation, mais surtout de surveiller votre langage qui au-delà de retranscrire vos opinions personnelles n’a rien à faire dans la presse.


Con-scient de leurs actions, vos supérieurs accordent aujourd’hui aux acteurs du mouvement teknoïdes un certain crédit, à tel point que pour la première fois depuis une quinzaine d’année, des travaux sérieux sont entrepris avec les représentants de six ministères et parlementaires pour faire évoluer un encadrement législatif con -sidéré comme inadapté ainsi que de mettre un terme à l’acharnement répressif et l’exclusion de toute une culture qui selon vos dires n’est pas la bienvenue chez-vous. Pourtant, la lutte contre l’exclusion ne fait-elle d’ailleurs pas partie de vos missions ?


Vous laissant en musique, M. le Préfet, nous sommes con(s)-vaincu que tous vos administrés, aussi « cons et irresponsables » soient-ils, vous assurent tout de même leur respectueuse con-sidération et vous disent surement à très vite.

 

Dans la presse

Les raveurs interdits de séjour dans l’Aude – La Dépêche

Les teuffeurs sont « des cons et des irresponsables », déclare le préfet de l’Aude – TraxMag


Dans les médias alternatifs

Aude : Le préfet en appel à la responsabilité des sound system – Basse Expression

 

« CES TEUFEURS SONT DES CONS ET DES IRRRESPONSABLES »

Lettre ouverte, en réponse au préfet de l’Aude concernant les participants aux fêtes techno dans son département.


Il y a des jours, on tombe de sa chaise en ouvrant son journal. Le préfet de l’Aude vient de faire très fort. Chevalier blanc de la lutte anti-rave party, il a choisi un mode de communication assez particulier avec ses administrés: l’insulte.

http://www.ladepeche.fr/…/2391603-raveurs-interdits-de-sejo…


Avant une réaction plus formelle de l’association, cette réponse à chaud et personnelle:

Non, monsieur, le préfet, les teufeurs ne sont pas des cons et des irresponsables. Non, monsieur le préfet, vous n’accompagnez pas les gentils « organisateurs » dans leur projet. Sur 4000 soirées en France, seules 4 sont déclarées et 3 d’entre-elles dans le Finistère. Aucune dans l’Aude, et aucune depuis que la loi existe en 2002.


Les rares organisateurs qui ont essayé d’organiser des soirées légales dans votre département se sont fait bouler, humilier et rejeter. Vous voulez des noms et des dates, nous les avons. Si les teufeurs font des fêtes illégales dans votre département, c’est parce que vous et les maires de l’Aude refusent de prendre leur responsabilités, d’aller vers les organisateurs (que les RG connaissent pourtant très bien) pour leur proposer des solutions et construire l’avenir ensemble.


Non monsieur le préfet, les juges français ne sont pas laxistes, ils sont des juges et ils respectent la loi. Ce genre de propos dans la bouche du représentant de l’état que vous êtes ne sont pas acceptables.


Non monsieur le préfet, ce n’est pas en expliquant aux maires comment tromper un tribunal administratif, en leur donnant des consignes pour poser des rochers à l’entrée des champs de votre département que vous trouverez des solutions… à part envoyer les teufeurs chez leurs voisins…


Les jeunes organisateurs de fêtes sont issus de votre territoire, ce ne sont pas des extraterrestres, même si parfois ils peuvent venir d’aussi loin que Toulouse….


Non monsieur le préfet, les autres départements et le préfet de région ne vous suivront pas car il existe un gouvernement dans ce pays..et justement, nous étions à Matignon le 28 avril dernier, nous avons rencontré le cabinet du Premier Ministre, les Ministères de l’Intérieur, de la Santé, de la Jeunesse, de la Culture ces dernières semaines et ils vont tous dans un sens différent du vôtre, celui de la concertation et du dialogue.


Pour preuve, sort ce jour un document de 53 pages, cosigné par 6 ministères, qui a pour titre « Rassemblements festifs organisés par les jeunes, démarches de concertation ». On vient même de nommer un médiateur dans votre département…nous lui souhaitons bonne chance.


Il existe des solutions pour le problème des rassemblements festifs, elles passent par le dialogue. L’insulte n’est pas le dialogue.


Enfin, monsieur le Préfet, nous vous dirons une dernière chose: par les temps qui courent, les français sont tous capable de comprendre qu’il faut ménager les forces de l’ordre, qu’il faut faire des efforts et être solidaires, soudés… mais permettez moi de vous demander qui est l’irresponsable: celui qui cherche à dresser les uns contre les autres, à diviser les français et exciter les rancœurs, ou celui qui veut simplement les faire danser et s’amuser gratuitement?


Quant à vous demander qui est le con, je ne vous en ferais pas l’affront, on m’a appris que c’était mal d’insulter les gens.


Samuel Raymond, Chargé de mission pour Freeform.

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