NeuroKontrol, Neokontrol, NoKontrol, N’Kore…
On a papoter avec Nico alias N’KO (UTF) alias NeuroKontrOl pour Produc’Sounds.
Salut Nico, je te laisse te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas encore.
Salut Produc’Sounds ! Alors moi c’est Nico. Depuis la fin des années 1990, je jouais sous le pseudo N’Ko du sound system UTF, et depuis 2009 sous le pseudo Neurokontrol, pour mieux contrôler les neurones de mes fans !
J’ai également lancé en 2014 mon projet Neokontrol (hitech / dark-psytrance) et le groupe ‘Raggatek Live Band’ en 2015.
Plus de 10 ans qu’on entend parler de toi ; Comment cela a commencé et quand ?
Oui ça fait plus de 15 ans, même bientôt 20 ans que j’ai commencé à composer de la musique électronique. D’abord en free party avec le sound System UTF. Ensuite nous avons organisé des soirées indoor à Marseille au début des années 2000, ce qui m’a permis de jouer régulièrement devant un public averti et de me rendre compte que ce qui me plaisait vraiment dans ce milieu c’était l’échange qui se passe avec le public en jouant ma propre musique.
C’est ce qui nous a motivé à lancer notre propre label AstroFoniK Records avec mon associé David aka Wakefields.
Tu viens des Alpes de Haute-Provence (04), c’était dynamique ? Cela t’a donné envie ?
Oui je suis né à Manosque, mais je n’y habite plus depuis 10 ans. J’ai passé 3 ans à Prague, 3 ans à Barcelone et suis maintenant vers Lyon.
On ne peut pas dire que le 04 soit très dynamique, mais quand même pour le peu d’habitants que nous sommes ça bouge bien et dans les années 2000, nous y faisions encore pas mal de free parties avec UTF.
Qu’est ce qui t’a amené à la création et quels artistes t’ont influencé et/ou t’influencent encore ? Et sinon niveau environnement de production/live tu utilises quoi ?
J’ai tout de suite été intéressé par la création : jouer la musique des autres comme un Dj ne m’a jamais vraiment intéressé et même si à de rares occasions je joue en Dj set, je joue exclusivement mes morceaux ; parfois composés en versus avec un autre artiste. Je compose sur Ableton Live et joue en live set mes propres compos, des versions live différentes des versions connues.
Pour certains styles comme la hi-tech/darkpsy, j’utilise également du hardware (Virus TI, Nord Lead…) J’ai été largement influencé à l’époque par les sons/artistes du sud FKY, OQP, METEK, Turbulences… avec qui nous avons posé du son à l’époque. Se retrouver dans de grosses raves avec les mêmes gars 20 ans plus tard est fort révélateur de la motivation des acteurs de la scène underground du sud-est !
Quel avenir pour la tekno underground d’après toi ? Les free parties, les teknival auxquels vous avez contribué, non ?
Je pense y avoir contribué autant que possible au début des années 2000, mais désormais je ne fais plus d’organisation, notamment après avoir co-organisé un teknival et aidé au bon déroulement de ‘Carnavals Des Sons’ de Marseille au début des années 2000, ou organisé la Bekult 2.0 aux docs des suds de Marseille en 2008 et des soirées en club en Espagne, je me suis rendu compte que ce n’était pas pour moi ; on en peut pas tout faire, donc désormais je ne touche plus à l’organisation.
Cela dit je suis très optimiste sur l’avenir des musiques underground, qui gagnent du terrain sans cesse, notamment dans d’autres pays. On sort même des frontières européennes, ce qui laisse penser que ça va encore se développer pas mal dans le monde !
En France je pense qu’il y a toujours autant de free parties qu’à l’époque. Les teknivals sont plus encadrés et accueillent toujours plus de monde… je vois un bel avenir pour les musiques underground !
Tu joues toujours en free party ? Avec le même plaisir ?
Je joue toujours en free party oui. 2-3 fois par an pour des amis, mais souvent en mode surprise sans être annoncé. Je l’ai beaucoup fait en république tchèque et surtout en Espagne quand j’y habitait.
D’ailleurs quel style aujourd’hui te plaît le plus de jouer ?
Depuis quelques années j’ai découvert la darkpsy/hitech – qui représente la scène underground de la trance – et je prends un vrai plaisir à composer et jouer ce style auquel j’ajoute ma touche perso.
C’est un style très ouvert et peu formaté, qui nécessite en même temps un haut niveau de finition et de technique, ce qui m’intéresse d’avantage dans ma quête perpétuelle de renouvellement artistique.
D’un autre côté, je prends un pied énorme à composer et jouer avec le Raggatek Live Band, projet avec lequel il y a un gros travail de création à trois ; c’est 100% original, et il y a de tout dans ce projet : dub, reggae, hip hop, dubstep, drum & bass, hardtek, raggatek voir même frenchcore et hitech !
Et je me fais toujours – sous le pseudo Neurokontrol – quelques remix raggatek ou hiphop-tek . Mon dernier remix en date chalalalalawa de Yannis Odua a déjà plus de 300K vues et le remix en cours de Boomfunk Mc’s promet ! Ce sont des morceaux que j’apprécie personnellement et que je me permet de remixer à ma sauce.
Quel que soit le style, je prends mon pied à composer et je m’essaye même à de nouveaux styles plus soft, mais ça on en reparlera au prochain épisode !
Et la création de labels ; comment cela a commencé ? Le pourquoi du comment en sommes. Et encore, quelles étaient les orientations de départs ?
En 2003, on a créé le label AstroFoniK.com avec mon associé Wakefields dans le but premier de produire notre propre musique sur vinyle. Ceci pour la simple et bonne raison que le milieu était assez fermé ; plus de 10 de mes morceaux étaient mis de côté par différents labels de l’époque, mais après 2 bonnes années d’attente nous avons décidé de nous lancer en auto-production en créant notre propre label. Rapidement la machine fut lancée car après le succès de notre première sortie « UMMOLOGIK 01« , des labels m’ont contacté pour sortir mes morceaux en attente et à venir.
Nous avons par la suite commencé d’autres labels, notamment UTF avec uniquement des compos’ des potes de notre sound system. Nous avons également lancé le label AstroProjekt, un concept d’autoproduction ouvert à tous à travers lequel nous faisions profiter de notre réseau à de nouveaux artistes encore jamais produit.
Et de plus en plus notre label a grossi jusqu’à produire un très large panel d’artistes à qui nous avons permis d’être mis à la lumière du jour et contribué à lancer leur carrière et à produire également des artistes plus connus ; jusqu’à produire une très large palette de musiques électroniques underground, – acid, hardtek, tribecore, frenchcore, raggatek, et plus récement hitech, darkpsy sur le label OVNI Records – et moins underground – électro, techno, drum & bass, dub, psy, prog’ -.
AstroFoniK possède désormais plus de 45 sous labels (à découvrir ici ) et a produit plus d’un quart de million de vinyles !
De nos jours les productions de vinyles sont réduites par la force des choses, mais nous nous efforçons de continuer à en produire et d’aider à garder en vie ce support même si désormais c’est à perte, les Dj mixant désormais très souvent en digital et n’achetant pas pour autant les MP3 officiels d’un coté et le public écoutant les musiques qu’il aime le plus souvent en streaming sur internet.
Quels rapports entretiens-tu avec les artistes que vous avez produits ?
Les rapports que j’ai avec les artistes que je produis ont été – ou sont encore – parfois compliqués, surtout pour ceux qui sont devenus professionnels comme moi. Il y a souvent eu de la jalousie de leur part, tout au moins de l’incompréhension du fait que je sois leur producteur mais également un artiste tout comme eux. J’ai encore en 2016 certaines remarques mal placées – souvent dans mon dos d’ailleurs – et beaucoup de non-dit ; j’appelle ça de l’ego mal placé…
J’ai suffisamment de recul maintenant pour être convaincu que ça ne viens pas de moi. Je peux dire ouvertement que je suis le seul à avoir aidé et lancé autant d’artistes sur la scène underground. Mais malheureusement, certains croient encore que l’on gagne de l’argent sur leur dos alors que c’est tout le contraire ! AstroFoniK, société dont je suis gérant bénévole, perd de l’argent à fabriquer des vinyles pour faire la promotion de ces artistes.
Désormais l’activité d’Astrofonik étant réduite, nous ne travaillons plus qu’avec des artistes plus proches avec qui il n’y a pas de malentendu ; on redevient un label plus familial comme à nos débuts. On se concentre d’avantage sur le label trance « OVNI Records » et ses nouveaux sous labels – OVNI Breakfast, OVNI Shamans – qui est la division trance de AstroFoniK ; label désormais mondialement connu pour ses innovations et sa haute qualité de production dirigé par Lunarave aka Angry Luna qui m’aide à retrouver l’engouement de toujours produire plus, mieux et d’entrainer un maximum de monde dans notre sillage ! Et on peut dire qu’en quelques années, l’invasion est en cours !
Et ton dernier coup de cœur musical c’était quoi ?
J’écoute vraiment de tout et n’importe quoi du moment que c’est bien fait ! Parfois aussi, je n’écoute rien car à force de composer et d’écouter les musiques des autres pour choisir qui/quoi produire, il faut savoir sortir des beats électroniques pour s’aérer l’esprit et que l’inspiration revienne.
Cela dit depuis plusieurs années, s’il y a un artiste que je suis et que je dois retenir pour ses innovations perpétuelles, c’est bien l’incontournable Skrillex !
Aujourd’hui plus de 10 ans après, quels regards jette tu sur ton évolution musicale ? Vers quoi souhaite tu t’orienter ? Et aussi, où te vois tu dans 10 ans ?
J’essaye de toujours d’évoluer musicalement, tout en restant sobre, sans m’inspirer de ce que font les autres pour garder mon propre style – qui commence à en influencer pas mal.
Je ne projette rien de particulier pour l’avenir ; j’irai ou le vent m’amènera et il semble qu’il souffle du côté psychédélique pour moi !
Pour conclure cette interview, on parlait de voyage et de nouveaux challenge un peu avant. Qu’est ce qui t’attends prochainement ? Il y aura-t-il une suite au Raggatek Live Band ? Envisage-tu d’évoluer vers d’autres univers ?
Après avoir fait le tour des dancefloor de l’Europe ces 10 dernières années, je vise pour les année 2017/2018 le Brésil, le Mexique, la Grèce, le Japon et un deuxième tour en Inde.
On prépare à notre rythme un deuxième album « Raggatek Live Band », projet sur lequel on travaille avec un second chanteur et pourquoi pas plus de musiciens, car c’est un réel projet de concert live.
Pour le label AstroFoniK en 2017, l’activité va reprendre plus amplement. On nous a notamment proposé de participer au projet « ARTISTS IN ACTION » dont vous avez fait un article sur Produc’Sounds.
Interview proposé par Vinz’ aka MS92 pour Produc’Sounds.