« Nous somme une culture. Et pour brûler longtemps nous avons besoin de grosses buches. » Voici ce qui conclu cette tribune ou ce coups de gueule (peut importe comment la qualifier) publié par Techno+ à l’aube de la 23ème édition du teknival traditionnel du 1er mai.
Une édition qui a pour grande particularité, rappelons-le, de s’inscrire en rupture avec la légalité de ses prédécesseurs, en réaction à la répression dont souffre le mouvement depuis de nombreuses années, intensifiée ces derniers mois et au semblant (n’ayons pas peur des mots) de discussion engagée avec les autorités pour tenter de trouver des solutions au « problème techno » et qui aujourd’hui n’a conduit qu’à très peu d’avancées bénéfiques pour les acteurs sur le terrain.
La question revient souvent (et elle ne fait pas exception sur PS) du « pourquoi promouvoir de si gros événements », parfois qualifiés de démesurés ? Pourquoi ne pas favoriser de plus petits événements à taille humaine, permettant un meilleur partage, plus faciles à gérer, etc.
C’est en ce point que Techno+ rappel très justement que la culture teknoïde, la culture techno underground (encore une fois, peu importe l’étiquette qu’on lui donne !) est un tout ! Au delà d’un simple besoin, les teknivals et autres événements de grosse ampleur ont toujours fait partie de la scène artistique (Nb. 23ème teknival ce n’est pas rien !)et ils participent à la fédération des membres et à la découverte de valeurs et de l’art que propose ses acteurs (malgré l’image que les médias relaient…).
Un beau texte, tout en simplicité auquel il a été agréable de réagir aujourd’hui à la veille du frenchtek 2016.
Nb. Vous pouvez participer financièrement à la prises en charge des frais d’avocats et de justice consécutifs aux saisies injustifiées ici.
Pourquoi nous avons besoin de teknivals et de très grosses soirées
par Techno+.
Une culture qui ne se célèbre pas n’est pas une culture.
Une communauté qui ne se réunit pas n’est pas une communauté.
Un mouvement qui se disperse, disparaît.
Les grands évènements sont nécessaires à la techno et à ceux qui la vivent. Ils sont le squelette de la communauté. Les petites soirées sont sa chaire. L’un ne vas pas sans l’autre.
Plus grand est le nombre de participants à un évènement marquant plus fort est le lien d’appartenance à une même communauté. Un évènement qui sert de référence à un grand nombre de gens devient un mythe partagé. On a beau faire partie d’un mouvement underground, un évènement alternatif qui sort de l’ordinaire par son ampleur, ça fédère.
Cette satisfaction de savoir qu’on vient du même endroit.
Ce sentiment décuplé de ne pas être seul à aimer taper du pied dans un lieu improbable.
Ces souvenirs de moments privilégiés que l’on peut partager avec des inconnus bien des années après.
Cette conviction que c’est ici et maintenant que tout se joue.
Empêcher les grand évènements revient à nier tout cela. C’est interdire à tous ceux qui rejoignent le mouvement de s’y enraciner et de le perpétuer. C’est le tuer à perpet’.
La culture Techno est comme un feu. On peut certes l’entretenir à coup de brindilles. ça brillera vite et fort, puis plus rien. On peut aussi y mettre des buches. ça permet d’attendre d’autres brindilles qui s’enflammeront à coup sûr sur cette braise.
C’est l’Opinion nian-nian et son État toutou qui nous ont fait haïr nos grands évènements, nos propres autocélébrations.
Ils ont mis en avant les troubles et les nuisances, les débordements et accidents. Et c’est vrai, il y en a un paquets, ils ont raison. Mais ce n’est pas une raison.
Mais n’y a-t-il pas des troubles et des nuisances lors d’une Nuit Blanche parisienne ou d’une étape tour de France ? N’y a-t-il pas des débordements voire des accidents lors d’un concert gratuit de Johnny en pleine ville ou pendant une féria ? Pour tout cela, on bloque des routes, on planifie, on ré-organise, on explique à la populasse qu’elle doit s’habituer, que ces évènements sont bons pour elle… C’est que mon bon teufeur, ces évènements-là font partie du patrimoine culturel français. Le mot est lâché !
Les plus cyniques diront que c’est une histoire d’argent mais ils se trompent. Les retombées économiques locales lors d’un teknival sont plutôt excellentes. Les sommes engrangées par l’Etat avec les taxes sur le carburant nécessaire à se rendre à un tel évènement couvre ses dépenses. Quel ville aujourd’hui est prête à renoncer économiquement à un évènement culturel même gratuit qui ramène des milliers de personnes ?
Non la raison du rejet des évènements techno est uniquement dû à leur stigmatisation, au refus massif de l’Opinion de le reconnaître comme un courant culturel.
A partir de là, le Politique et ses pouvoirs publics, n’envisage la Techno que par une approche purement gestionnaire du phénomène (pour ne pas dire problème). Et qui pose le plus de problème justement ? Les grands évènements. Alors on gère. Circulez y’a rien à poser ici.
Mais le pire pour nous c’est lorsque cette idée a été insufflé dans nos têtes. Ceux qui ont vécu de tels évènements, qui en gardent pourtant de mémorables souvenirs, au lieu de les défendre, les accablent d’un ton coupable : « oui c’est vrai, c’était trop cette fois. On a dérangé les gens. » Comme si un réflexe égoïste voulait garder pour soi ce trésor. Que les futurs teufeurs n’aient jamais le droit de vivre la même intensité. Une assurance de pouvoir dire plus tard « C’était mieux avant ».
Certains sons ayant organisé de grands évènements, deviennent ensuite de fervents prosélytes des « petites teufs à taille humaine ». La décroissance version électro en somme. C’est là aussi une vision gestionnaire et non culturelle des choses.
Ne vous excusez pas chers sounds systems de nous avoir fait rêver comme jamais. Ne culpabilisez pas que chacune de vos soirées n’est pas un moment qui marquera l’Histoire de la techno. Elles marquent nos histoires. Nous savons combien c’est courageux de votre part de l’avoir fait. Mais par pitié, ne reprenez pas les arguments de nos censeurs qui veulent la peau des gros évènements. Et encouragez ceux qui prendront vos traces même les plus grosses. Moule ta basse.
Comme pour les grands évènements déjà reconnus, c’est à la société de s’adapter à nos modalités pas à nous de nous (auto)réprimer.
Nous somme une culture.
Et pour brûler longtemps nous avons besoin de grosses buches.